Présentation du blogue

Onze finissants d’Arts et Lettres accompagnés de deux enseignants, Christian Braën et Guy Bourbonnais, suivront les traces de Haruki Murakami, auteur à l’étude sur lequel ils se sont penchés avec ardeur, au Japon. Suivez-les à travers leurs textes, témoignages de découvertes, d’éblouissement et d’éveil. Ce voyage est pour eux l’occasion de se plonger concrètement dans l’univers ambivalent et onirique de Murakami.

lundi 6 juin 2011

La nature est un temple

Moi qui pensais préférer Tokyo à Kyoto, me voilà foudroyée par la beauté de cette dernière. En entrant dans la ville, l’autobus traverse un boulevard animé comparable à la promenade de la rue St-Hubert. À moins de dix minutes de là se trouve notre auberge qui consiste en une maison traditionnelle japonaise. Un petit ruisseau se faufile timidement au travers de la rue paisible. Des herbes folles viennent doucement caresser le rivage de ce mignon cours d’eau bordé de feuillus saules pleureurs. Alors que je me trouvais au cœur d’une grande ville animée il y a quelques minutes, je suis soudainement devant une maison typique du Japon qui aurait pu se retrouver sur le chemin d’une petite campagne pittoresque.




Au sujet des contradictions d’ailleurs, tout le groupe a eu l’occasion de faire la visite de deux temples au cours de la journée. Rien à voir avec Tokyo et ses buildings, aux affiches criardes, qui cherchent à percer les nuages. Ici, j’assiste à un retour des traditions lorsque je croise des dames vêtues de sublimes kimonos sur mon chemin vers le temple et le jardin zen.
Premier arrêt : le Pavillon d’Or. Une rangée d’arbres bien touffus me cache la vue du temple bouddhiste à l’entrée du sanctuaire. En avançant sur un sentier de pierre, je perçois la merveille qui finit par se révéler timidement à moi. La voilà enfin, brillant de mille feux par sa laque dorée dont elle est enduite. Le pavillon est entouré d’un lac calme où fleurissent des nénuphars. Les pétales rosés se balancent délicatement au passage des carpes sacrées qui agitent leurs babines au-dessus de l’eau.

Second arrêt : le jardin de pierres zen. Ce dernier est composé d’îlots qui comptent un total de quinze rochers baignant dans une étendue de gravier parfaitement ratissée. Cette simplicité m’emplit d’un certain calme après les journées chargées que je viens de passer. Ici, la nature cherche à recréer un microcosme. La nature est ainsi reproduite par… la nature. Les rochers habillés de mousse semblent être de véritables îles flottant au cœur d’une mer dessinée par les stries ondulées du râteau à travers le gravier. Par ailleurs, même si l’on compte quinze roches, il n’est possible que d’en voir quatorze à la fois. Peu importe l’angle où je me place, l’une d’elle échappe constamment à mon regard. Cette disposition calculée pourrait bien refléter l’esprit méthodique et affuté des Japonais. La pierre invisible semble être, pour plusieurs, la métaphore des sens humains faibles et réduits. La vue ne nous permet pas de percevoir toute la réalité qui nous entoure. Une partie de celle-ci nous échappe; nous n’avons que très peu conscience de l’ensemble des phénomènes qui nous entourent réellement.




Je quitte ainsi ce lieu d’une simplicité magnifique en me faisant demander pour la cinquième fois de la journée de prendre une photo avec un groupe de jeunes lycéennes. Je me sens soudainement comme une étrange curiosité…

PAR ÉLISE PROVENCHER

2 commentaires:

  1. Ah ! ces Japonais. Comme ils ont le don de mettre de la poésie et de la philosophie dans tout !

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  2. Tes commentaires judicieux et si bien détallés nous donnent l'impression d'être avec vous et de visiter ces temples extraordinaires. Tu nous fais rêver

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