Présentation du blogue

Onze finissants d’Arts et Lettres accompagnés de deux enseignants, Christian Braën et Guy Bourbonnais, suivront les traces de Haruki Murakami, auteur à l’étude sur lequel ils se sont penchés avec ardeur, au Japon. Suivez-les à travers leurs textes, témoignages de découvertes, d’éblouissement et d’éveil. Ce voyage est pour eux l’occasion de se plonger concrètement dans l’univers ambivalent et onirique de Murakami.

samedi 4 juin 2011

Des voyageurs affamés de découvertes

On a cogné à notre porte, personne ne bouge : nous ne sommes pas encore remis de notre décalage. Ça recommence, je me lève et vais voir. Il est temps de se lever, un déjeuner nous attend à seulement quelques pas de notre chambre. Après avoir freiné notre fringale, nous sommes partis conquérir la ville de Tokyo, grande ville qui peut être comparée à la ville de la grosse pomme. De gros gratte-ciels imposent leur stature autour de nous, faisant de l’ombre à ceux qui tentent, pendant quelques minutes, de fuir cette sphère de feu, qui nous avait suivis.

Laissés libres, le temps que l’horloge n'entame un tour complet, nous avons pu nous promener dans une rue de Tokyo, où se trouvaient de nombreuses boutiques. Élise et moi avons trouvé très amusants les quelques articles d’un magasin, souvent très mignons ou encore très loufoques. Les peluches en forme de pointe de pizza côtoyaient les arachides. Une suce pour bébé, qui une fois à l’intérieur de la bouche, nous offrait une tout autre vue de cette bouche de gamin. Parfois elle avait l’allure d’un monstre, ou d’une bouche pulpeuse de jeune femme.

Au cours des quelques premières heures de notre périple en terre du pays du soleil levant, nous avons pu constater que les Japonais exhibaient quelques extravagance, tels que de petits objets accrochés aux téléphones, qui de différentes tailles et couleurs, attirent l’œil. Tout le monde en a au moins un, qui souvent prend la forme de petits toutous en forme d’ours.

Pour cette journée du 3 juin, la station Shinjuku a été notre point départ vers la découverte de cette ville immense, où il y a toujours des flots incessant de gens qui traversent les rues et des automobiles, toujours plus extravagantes les unes que les autres. Des taxis noirs, turquoise et jaunes s’imposent dans cet univers de carcasses métalliques.

Nous avons entrepris de découvrir cette ville remplie de monstres de béton, nous avons marché à travers différents artères de la ville, pour nous rendre compte que cette ville n’est pas si différente de celles que nous connaissons, à l’exception du fait que la plupart du temps, nous ne comprenons pas les indications; il est si rare de ne pas reconnaître les signes qui nous parlent dans une ville.

En fin d’après-midi, un petit café nous a accueillis, où nous sommes assis pour parler de tout et de rien. Cette scène m’a laissé croire que nous aurions pu être à Montréal, entre amis, pendant une belle journée ensoleillée.

Une deuxième journée passée dans ce pays, donc. Je ne me sens pas trop dépaysée pour le moment, mais demain, c’est Kyoto, une nouvelle ville qui nous attend, vers laquelle nous irons, pour continuer ce périple qui ne vient que de commencer.

PAR SARAH-KIM BOUDREAULT

Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil

Tokyo – 3 juin 2011 – 18h55




En arrière-scène du spectacle Koozà du Cirque du Soleil. Punching bag, costumes à moitié mis, poutre, habilleuses, altères, coiffeuse, éléments de décor accrochés, vélo stationnaire, tapis … l’ambiance est étrangement relax dans cette salle transformée en gymnase : des acrobates russes jouent au Black Diamond, des contorsionnistes chinoises s’étirent tout en pratiquant leur chorégraphie, des clowns français ou anglais taquinent les techniciens, une trapéziste s’exerce sur son vélo stationnaire, un mono cycliste répète son numéro et des funambules courent sur un fil de fer tout en sautant et en rigolant. Les divers artistes de cirque montrent une belle chimie de groupe et on voit qu’ils sont tous très heureux d’être là. Le spectacle commence avec un 10 minutes d’animation pendant lesquelles les tous pratiquent, s’échauffant au maximum.




Quelques poignées de mains amusantes sont échangées entre les artistes, puis l’animation se termine. Les acrobates qui pratiquaient leur numéro il y a quelques minutes dans cette sorte de gymnase sont maintenant sur scène en train de le performer devant public. Ils reviennent tous dans leur lieu de pratique quelques minutes plus tard pour se changer, s’étirer ou mettre de la glace sur les blessures. D’autres performeurs restent zen, ne participant qu’à la deuxième partie du spectacle, ou dorment en attendant que leur tour vienne un peu plus tard dans la première partie. Pendant ce temps, trois contorsionnistes dansent sur un disque tournant, alliant force et souplesse. On observe l’arrivée de nouveaux être musclés dans ce simili-gymnase: plusieurs acrobates russes et une femme. Un couple pratique des portées et les hommes forts et agiles tentent de réussir une pyramide difficile. Après quelque trois essais, ils réussissent et quelques minutes plus tard, c’est sur scène qu’ils la réussiront sans avoir droit à l’erreur. On entre, on sort, on change de costume ou on leur fait des retouches. Les entraîneurs sont présents. Tout doit être parfait. Le spectacle se termine. Tout le monde semble soulagé et prêt, à fêter. Ce fût une expérience mémorable de voir les coulisses du Cirque du Soleil, à l’autre bout du monde!


PAR LAURA PELLETIER

HELLO TOKYO!

Aujourd’hui, premier contact avec la ville de Tokyo. À la sortie de la gare de Shinjuku, je me plonge immédiatement dans la vague de Tokyoïtes encadrés de buildings venant presque effleurer le ciel couvert de smog de la ville. Les tours s’entassent à perte de vue; aucune trace de végétation n’est présente à travers cette masse bétonnée et vitrée. Je lève les yeux. Sur un écran géant se dandine sur un rythme chargé de tous les clichés musicaux la chanteuse pop de l’heure. Des néons et des publicités aux couleurs criardes viennent compléter le décor déstabilisant de cette grande ville.

Nous nous rendons directement dans le quartier de Harajuku, véritable paradis du bidule, du « cossin », de la « bébelle ». Les fameuses Harajuku girls, ces jeunes filles reconnues pour leurs vêtements excentriques et très colorés, se font rare à cette heure de l’après-midi en pleine semaine. J’ai tout de même eu l’occasion de croiser quelques énergumènes aux parures singulières et insolites lors de ma découverte du quartier. Sarah et moi faisons le tour des boutiques aux carrelages roses bonbon et aux murs tapissés de vêtements et de peluches kawaii. J’ai alors l’impression de me retrouver dans une véritable maison de poupée. Je m’attends presque à voir débarquer à tout moment une décapotable fushia de plastique pour me ramener à l’hôtel. À mon plus grand bonheur, je découvre une petite boutique vintage que Giulia m’avait indiquée. Devrais-je craquer…?

Durant la soirée, le groupe a la chance extraordinaire d’assister au spectacle Kooza, une production du Cirque du Soleil présentement en tournée à travers le Japon. Grâce aux contacts de Charlotte avec l’une des musiciennes, j’ai l’occasion, avec quatre de mes compagnons, d’assister aux préparatifs de la présentation dans l’arrière-scène. Ici, je me sens au plein cœur d’une véritable tour de Babel. Des acrobates russes se font une partie de baggamon à quelques minutes de la présentation. Deux Sud-Américains piquent un petit somme après leur numéro. Quelques clowns américains viennent se dandiner devant les yeux ébahis du jeune fils d’un acrobate chinois. Une chanteuse indienne fait des vocalises à quelques mètres d’une régisseuse de son québécoise. Pas le moindre signe de stress ou de nervosité dans tout le cirque. « C’est qu’on fait environ 400 représentations par année, c’est un travail quotidien pour nous », m’explique Stéphane, l’un des clowns. L’effet du décalage horaire se fait ressentir lors du spectacle. Les visages peinturlurés tourbillonnent frénétiquement sous mes yeux. Les plumes d’un costume viennent me chatouiller le visage alors qu’une danseuse passe près de moi. La musique crée des vibrations à l’intérieur de ma cage thoracique. Mon épuisement ne fait que rajouter à la sensation de perte de repères à l’intérieur de ce véritable brouhaha irréaliste qui m’enveloppe lors de cette soirée magique.

PAR ÉLISE PROVENCHER

Un Grand départ

Déjà fatigué, notre premier vol retardé, j’attends avec impatience de prendre l’avion pour la première fois. Après un bref tour d’un aéroport sans attrait pour nous, voyageurs impatients, nous pouvons finalement nous diriger vers notre avion. Un avion minuscule où seulement quelques passagers s’entassent. Nous quittons le sol, c’est l’impression d’être dans un manège qui me prend, aucun stress ne m’habite, je me sens bien, très calme, alors que certains semblent quelque peu inquiets. Un vol rapide s’en suit.

Nous voguons dans une mer de nuages. J’ai l’impression d’être dans un océan de coton, j’aimerais avoir la possibilité de pouvoir m’y coucher, de sauter d’un nuage à l’autre et de sentir la douceur de cette condensation écumeuse.

C’est seulement après une heure que nous entamons la descente. Nous voyons à travers ce voile de cumulus la ville de New York qui se rapproche. La banlieue et les champs viennent à la rencontre de notre regard.

Une fois de retour au sol, nous partons à la recherche, de notre prochain vol. Un labyrinthe s’étend devant nous. Où aller, dans quelle direction se trouve notre terminal? Finalement, nous avons dû prendre un petit wagon, pour pouvoir nous rendre au terminal, pour nous envoler vers notre destination finale. Une fois nos passeports vérifiés, il a fallu que nous attendions, ce qui nous a semblé des heures. Certains d’entre nous avons dormi, d’autres sont allés se promener, les ‘’clic’’ des photos se sont fait entendre à plusieurs reprises. Pour faire passer le temps plus rapidement, en petits groupes, nous avons trouvé des activités. Plusieurs cadavres exquis ont été créés, plus bizarres les uns des autres. Les coiffures superflues de Catherine ont aussi été très plaisantes! Nos éclats de rires ont résonné à plusieurs reprises à travers l’aéroport.

Finalement, nous avons pu nous diriger vers notre terminal, afin de rentrer dans ce monstre de métal, qui nous emmènerait dans les airs et nous permettrait de nous rendre à notre destination, pendant quatorze heures. Quatorze heures qui sont devenues de plus en plus pénibles alors que les heures semblaient passer tranquillement, sans se presser, alors que nous étions de plus en plus inconfortables. Après quelques heures de sommeil, l’écoute de plusieurs films, la tentative infructueuse de vouloir lire un livre, quelques pas dans l’allée de l’avion, nous avons finalement entamé une lente descente vers cette île qui supporte plusieurs millions d’habitants.
Notre aventure venait réellement de s’amorcer.

PAR SARAH-KIM BOUDREAULT