Présentation du blogue

Onze finissants d’Arts et Lettres accompagnés de deux enseignants, Christian Braën et Guy Bourbonnais, suivront les traces de Haruki Murakami, auteur à l’étude sur lequel ils se sont penchés avec ardeur, au Japon. Suivez-les à travers leurs textes, témoignages de découvertes, d’éblouissement et d’éveil. Ce voyage est pour eux l’occasion de se plonger concrètement dans l’univers ambivalent et onirique de Murakami.

samedi 11 juin 2011

Deux jours à Hiroshima

9 juin

Il aurait été souhaitable que cette nouvelle ville qui s’étendait à mes pieds et que je voyais pour la première fois me fasse le même effet que Kyoto. Malheureusement, cela ne s’est pas passé comme je l’avais tant souhaité. Ayant été détruite le 6 août 1945, par la première bombe atomique, elle a ensuite été reconstruite. On ne retrouve pas à Hiroshima, les traditions qu’il y a à Kyoto. Tout semble neuf et très industriel. De longues colonnes de tours et d’immeubles se suivent et se succèdent à travers les rues. Le seul endroit où l’on peut retrouver l’ancien Hiroshima, c’est dans le parc de la Paix, où l’on peut voir la seule ruine encore présente de cette épreuve.



On a voulu rendre à ce parc, une certaine beauté, mais en regardant ce dôme, monté sur des murs de briques, à moitié tombées, les frissons ont parcouru mon échine. Je ne pouvais qu’imaginer la douleur qu’avaient ressentie ces gens, alors qu’à 8 :14 ce jour du mois d’aout 1945, leur ville était encore celle qu’ils avaient toujours habitée, où ils avaient joué, grandi, travaillé. Ils ne pouvaient s’attendre à toute cette horreur qui, une minute plus tard, ce même jour, allait par la destruction tout changer. Des enfants sont décédés, d’autres n’ont jamais été retrouvés. Les familles ont été décimées, des orphelins parcouraient les rues pour leur survie.
Nous sommes entrés dans le musée de la Paix. J’ai lu et entendu toutes ces histoires d’horreurs qui nous étaient présentées. J’ai vu les restes d’habits calcinés de jeunes enfants et d’adultes et tout cela m’a fait comprendre, que les êtres humains peuvent être d’une grande cruauté. La première bombe atomique était un test, c’était un projet top secret, appelé «Projet Manhattan» qui avait pour but de révéler les dégâts que causerait le nucléaire.

Je suis contente d’avoir vu ce musée; j’ai beaucoup appris sur cette ville marquée par l'Histoire, mais j’ai aussi sur l’être humain, celui qui fait l'Histoire.

10 juin
Ce matin, nous nous sommes levés, nous avons déjeuné et nous sommes allés voir un sanctuaire, l’Itsukushima Shrine. Ce sanctuaire, créé en 593, est construit sur pilotis et lorsque la marée est haute, le sanctuaire se met à flotter. La porte de celui –ci, se trouvant dans l’eau, n’est pas toujours accessible, mais de nombreux visiteurs viennent sur l’île Miyajima pour se faire prendre en photo devant cette porte très célèbre. Ce sanctuaire est composé d’un long corridor de 280 mètres et toute cette structure est peinte en orange. Il est facile de comprendre l’attirance des touristes pour cette île, car une fois dans le bateau, malgré le brouillard qui courait le long des montagnes, on voyait que cette île était d’une grande beauté.

Une fois arrivés sur celle-ci, et en commençant notre marche vers le sanctuaire, nous apercevons de petits cerfs se promenant en liberté. Alors qu’on les dit de nature sauvage, ils venaient frôler nos corps et se faire caresser derrière les oreilles. Ce petit coin de pays paisible et entouré de montagnes suscite chez les explorateurs que nous sommes une grande attirance qui les pousse à le découvrir toujours un peu plus.



J’ai beaucoup aimé ces deux dernières journées, riches en connaissances et en beautés.

PAR SARAH-KIM BOUDREAULT

Après la pluie

Ce matin, une fine pluie fine se détache des nuages imposants qui obscurcissent le ciel d’Hiroshima. Je me rends, accompagnée de mes compagnons de voyage, vers le temple de l’île Miyajima. Sur le pont du traversier, j’entrevois le sommet des montagnes s’engouffrer à travers un brouillard dense. Au loin, des petites maisons dressées à flanc de montagne se révèlent à mon regard flou et enfumé. Cette vision me place immédiatement dans une atmosphère agréablement onirique. Bientôt, je vois l’arche orangée du temple shintoïste se dresser fièrement au centre de l’étendue d’eau. Ce paysage sobre et épuré calme immédiatement les esprits les plus agités. La marée est basse; le temple d’un orange flamboyant qui, habituellement flotte sur la surface de l’eau, repose maintenant sur des pilotis.

Trempés jusqu’aux os par la pluie, les membres du groupe se dirigent vers le restaurant du cousin de Christian. Nous sommes agréablement et très chaleureusement servis dans un décor typique du pays. Tout le monde est ainsi attablé directement sur le sol autour d’une table basse. Frites et rondelles d’oignons défilent, au plus grand bonheur des nostalgiques de la gastronomie québécoise. Crêpe-omelette méli-mélo (voir description du plat mangé hier) à la japonaise et viandes sautés viennent compléter ce gargantuesque repas de rois.



PAR ÉLISE PROVENCHER

Le Souvenir d'une catastrophe

Les habitants d’Hisroshima n’ont pas oublié. Devant le musée de la paix, un groupe de vieillards fait signer une pétition contre l’armement nucléaire. Les arbres autour de moi agitent leurs branches sous une brise humide. Une fontaine crache une eau diaphane en une multiplicité de jets. Un papillon se faufile entre les ruines du « dôme de la bombe A ». La vie, depuis les quelques soixante dernières années, a soulevé les cendres, a essuyé le sang des victimes, a redonné la lumière au ciel. L’épicentre de l’explosion, marqué par une sculpture de béton, est entouré de fleurs dévoilant leurs pétales gorgées de suc. Ces fleurs se sont nourries des larmes et du désespoir d’innocents qui, le 6 août 1945, ont connu une véritable apocalypse.




La première section du Musée de la Paix me plaît. On y relate les grands faits historiques importants en plus de quelques compléments intéressants qui n’avaient pas été abordés dans nos cours d’histoire.

Lorsque je passe à la seconde section, mon visage s’éteint d’un seul coup. Débris de verre et d’ongles déformés, morceaux de vêtements déchirés et calcinés, mèches de cheveux carbonisées constituent une véritable musée de l’épouvante. Les histoires rattachées à chacun de ces objets préservés me donnent le vertige en l’espace de quelques minutes. La vision d’un tricycle grugé par la rouille et le passage des années et celle d’un gamin de trois ans mort sous le choc de l’explosion finissent par m’achever. War is the work of men affiche le panneau commémoratif à la sortie du musée.




Le groupe s’arrête pour manger l’une des spécialités d’Hiroshima. Ce repas difforme composé de choux, de fèves germées, de nouilles, de bacon, d’œuf et d’une crêpe nous est servi directement sur une plaque chauffante. Les goûts et les textures se mélangent en un étrange amalgame dans ma bouche. Ce plat est définitivement au Japon ce que la poutine est au Québec!

PAR ÉLISE PROVENCHER