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Onze finissants d’Arts et Lettres accompagnés de deux enseignants, Christian Braën et Guy Bourbonnais, suivront les traces de Haruki Murakami, auteur à l’étude sur lequel ils se sont penchés avec ardeur, au Japon. Suivez-les à travers leurs textes, témoignages de découvertes, d’éblouissement et d’éveil. Ce voyage est pour eux l’occasion de se plonger concrètement dans l’univers ambivalent et onirique de Murakami.

lundi 13 juin 2011

Souvenir d'Hiroshima

Le ciel s’éteint en quelques secondes. Le son lointain d’un grondement de tonnerre enveloppe le silence de la maison. Tout devient soudainement noir. Ma vie et celle de milliers d’innocents déboulent à cet instant dans un véritable abîme obscur dont l’écho des cris et des cœurs se répercute sur ses parois de cendres effritées par le feu. J’ouvre les yeux, j’ai l’impression que ma rétine reste collée à l’intérieur brûlant de mes paupières. À travers une rangée de cils clairsemés et carbonisés, je constate que ces sensations ne proviennent pas d’un cauchemar.

En tâtant le sol à la recherche de la porte, je trébuche contre un tison brûlant qui me fait perdre  l’équilibre et qui me blesse à la cheville. La douleur cuisante est insupportable. La soif étreint ma gorge enflammée. Une épaisse main de feu me caresse violemment le corps et finit par m’arracher les derniers lambeaux de vêtements sous l’impulsion d’une passion destructrice. Sous l’étroite ouverture de mes yeux agonisants, une dense fumée se faufile en volutes jusqu’au plafond de poutres de ma demeure. Je réussis, après avoir déployé des efforts surhumains, à atteindre la porte de la maison dont les murs crépitent comme un feu de camp sous l’assaut des flammes infernales.

À l’extérieur, une vision apocalyptique se présente à moi. Un ciel  rougeoyant est encombré de nuages enflammés qui couvrent l’ensemble de la ville. Le soleil et la vie sont restés enfermés dans les replis des souvenirs des survivants entre le désespoir et la colère. Une pluie d’encre noire s’abat sur la ville de cendres. Cette encre écrit le destin d’Hiroshima et scelle le souvenir de cette destruction de l’humain par l’humain. Cette même encre dévoile encore aujourd’hui la persévérance et le courage de des habitants qui ont enfin pu voir la lumière et la vie à travers les ténébreux et denses nuages. Je pousse mon dernier souffle au centre d’une véritable mer de cadavres carbonisés. Je me souviendrai d’Hiroshima. 

PAR ÉLISE PROVENCHER

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