Présentation du blogue

Onze finissants d’Arts et Lettres accompagnés de deux enseignants, Christian Braën et Guy Bourbonnais, suivront les traces de Haruki Murakami, auteur à l’étude sur lequel ils se sont penchés avec ardeur, au Japon. Suivez-les à travers leurs textes, témoignages de découvertes, d’éblouissement et d’éveil. Ce voyage est pour eux l’occasion de se plonger concrètement dans l’univers ambivalent et onirique de Murakami.

lundi 13 juin 2011

l'Art contemporain

Le sable mouillé s’infiltre doucement entre mes orteils qui frôlent l’eau de la mer salée bordant l’île de Naoshima. Les algues, dansant sous le rythme des vagues, habillent mes jambes qui s’agitent. L’eau glacée bleuit mes doigts et mes lèvres, mais le plaisir ressenti à ce moment de baignade dans la mer surpasse tout type d’inconfort. À cet instant, j’ai tout simplement l’impression de vivre. Les cris de joie de Myriam, Giulia et Charlotte se mêlent au murmure des vagues qui viennent lécher le sable fin et humide de la plage.  Je retourne dans ma yourte, grelottante comme une feuille sèche, animée d’un bien être qui me fait profiter de chaque seconde de ce moment présent.

Le lendemain, le groupe participe à la visite de trois musées d’art contemporain. L’implication du spectateur dans la majorité des œuvres égaie même les plus réticents à la tournée de  musées.  Le premier arrêt se fait au Benesse Art Museum. Alors que je reviens d’un terrain de camping, je me retrouve maintenant devant une véritable œuvre architecturale moderne. Le contraste est frappant; béton et buissons cohabitent en une harmonie parfaite. Je prends un plaisir particuliers devant les œuvres colorées ou loufoques de Warhol, Nauman et Hockney ou de celle plus conceptuelle, « Banzai Corner », de Yukinori Yanagdei, proposant une vision du Japon où l’esprit de communauté prime sur l’initiative individuelle. 



Je tombe sous le charme du Chichu Art Museum. Ici, l’architecture du bâtiment, dessinée par l’architecte Tadao Ando, se mêle littéralement aux œuvres plastiques de James Turrell, Claude Monet et Walter de Maria.  Les œuvres de Monet, exposées à la lumière naturelle dans une salle immaculée, se caractérisent par des couleurs profondes. La lumière du soleil dans la toile semble onduler sur la surface de l’eau. James Turrell, de son côté, fait de la lumière une forme d’art à part entière. Ombres et lueurs, abstraites et intangibles, deviennent ici un véritable médium artistique. Par ses jeux de lumières, certaines œuvres s’offrent à moi comme une espace infini et onirique qui me déstabilise du premier coup d’œil.  Walter de Maria, de son côté, propose un espace aux allures de 2001 Space Odyssey.  Un large escalier entouré de sculptures couvertes de feuilles d’or est reflété dans une immense sphère de granite qui trône au centre de l’immense pièce.  La lumière, que traverse l’endroit d’est en ouest, rebondit sur ces œuvres fascinantes et irréalistes. 



Je quitterai demain, avec nostalgie, ce lieu empreint d’une atmosphère particulièrement murakamienne. J’imagine Kafka longeant la rive sablonneuse rêvassant à son destin. Je vois l’adolescent du roman tournoyant sous la pluie qui rebondit sur toit de ma tante. Je crois apercevoir ce même garçon errer à travers les spectres de la forêt des montagnes qui enlacent le petit camping de Naoshima. 



PAR ÉLISE PROVENCHER

1 commentaire:

  1. Tel que je te connais, tu as sûrement bien appréciée tes visites au musée ! Hâte de te voir poulette :)

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